« Mais enfin, c’est incroyable de faire une telle différence ! » Tu ne peux pas t’empêcher de commenter ce qui vient de se passer. Ton inconnu de voisin, dans la petite bousculade du repli commandé vers les gradins, en profite.
C’est tellement invraisemblable. Ce sont des hommes, alors il faut se pousser, les laisser occuper toute la patinoire, leur laisser la voie libre, et s’écarter pour qu’ils ne blessent personne. Parce qu’ils pourraient blesser quelqu’un, eux, à cause de leur puissance, à cause de leur vitesse, à cause de leur performance. Mais attendez… on parle de celles qui font d’eux naturellement des hommes ou de celles qu’on leur permet de développer en demandant à tout le monde de se pousser ?
Le moment de vitesse en est à sa troisième étape. Il va crescendo apparemment. Et par catégorie. D’abord on appelle les enfants. C’est familial. D’ailleurs, les membres de la famille restent au bord ou leur donnent la main. Puis vient le temps des femmes, appelées à montrer de quoi elles sont capables. Elles, personne ne leur donne la main, mais tout le monde peut encore rester au bord de la piste. Parce qu’apparemment, elles ne risquent de blesser personne, elles. Certaines sont très rapides pourtant, mais qu’à cela ne tienne : elles ralentiront d’elles-mêmes en voyant le danger de collision s’approcher. Ensuite, et bien… les choses sérieuses peuvent commencer. L’annonce change littéralement de registre et de ton. Quelque chose comme « merci à toutes les personnes qui ne patinent pas de sortir de la piste et de rejoindre les gradins, le moment des hommes est arrivé » ! Apparemment, tout le monde n’attendait que ça. Car avant, c’était le temps de la gnognote.
« C’est normal madame, si les hommes devaient faire attention à blesser personne, ils pourraient pas aller à fond. Il vaut mieux que tout le monde sorte de la piste ! »
Poussez-vous, voilà les hommes !