#59- Un petit pas pour ses vingt ans

Violaine Dutrop
Mère de trois enfants identifiées filles à leur naissance
Citoyenne engagée pour un monde meilleur
A l’attention de Monsieur le Président de la République Française
Dont les principes affichés sont pourtant : Liberté, Egalité, Fraternité

Ecouter “Un petit pas pour ses vingt ans” en audio

Objet : J’hésite entre « Lettre de remerciement » et « Lettre de réclamation ».
Monsieur le Président, cher Emmanuel,

Ma plus grande a eu vingt ans hier. Son père avait eu trois jours pour l’accueillir. C’était la loi, et c’était peu. Dérisoire même, en comparaison des dix jours que j’ai passés bien malgré moi à l’hôpital, loin de mes proches, à expérimenter en solitaire le croisement de la souffrance du corps et du soin d’un premier bébé.

Vingt ans, c’est le temps qu’elle a mis pour devenir adulte.
Vingt ans, ça passe vite quand on éduque des enfants.
Vingt ans, c’est aussi très long, quand on saisit ce qui devrait changer mais que ça continue à piétiner.
Vingt ans, c’est le temps de mon expérience personnelle de la maternité.
Un temps suffisant pour que s’installe l’espérance d’un progrès pour la génération suivante.
Pour mes filles et celles des autres. Ainsi que pour les fils de tout le monde.

L’année de ses dix ans, forte de mon unique, mais significative, expérience personnelle et de quelques observations et lectures, je me suis engagée pour que le sexe ne détermine plus le degré de liberté des personnes. Démarrage d’une lutte sans merci pour questionner les interdits, faire valser les empêchements, échapper aux enfermements dans lesquels nos corps nous assignent.

J’avais alors mis au monde deux autres filles. Grâce à Ségolène, leur père a eu droit à deux semaines pour ces deux naissances-là. C’était assurément mieux, mais toujours trop peu…

Cher Emmanuel, je pourrais vous remercier d’avoir annoncé le grand changement à l’occasion de ses vingt ans. Un doublement du congé, et sept jours garantis, voici qui devrait conduire à rendre ma mine réjouie… C’est un pas, je le concède, dans la bonne direction.

Cependant, il y a peu, vous aviez rejeté l’idée que dans ce congé il y ait une part obligatoire. Un coût bien trop exorbitant, prétextiez-vous tranquillement. Signalant comme optionnelle l’égalité entre les sexes, vous affirmiez tout bonnement que l’ère ne serait pas nouvelle… Et puis, de rapport en rapport, de pétition en pétition, pris dans les filets du sujet, vous révisez vos positions. Vous voici nous offrant du pain, afin d’apaiser notre faim.

Laissez-moi en rester mi-souriante, mi-rêveuse.... Car voici une légère entrée, que vous nous avez servie là ! Le plat principal attendu, dont nous détenons la recette, est un long retrait du travail, le même pour chacun des parents, indemnisé justement et vécu systématiquement. Votre mesure une fois en route sera donc une mise en bouche. Celles d’après seront réclamées, vous pouvez sur nous y compter, pour que devienne enfin égale la prise de risque parentale. Sur ce point au moins nos enfants pourront regarder fièrement l’héritage de leurs parents.

Je vous adresse bien sincèrement mes tout premiers remerciements... et une réclamation écrite, au nom de l’égalité de principe.
Signé : Une citoyenne déterminée

2 réflexions au sujet de « #59- Un petit pas pour ses vingt ans »

  1. Coucou,

    Tout d’abord je souhaite à ta grande fille un bel anniversaire!
    “Votre fille a 20 ans que le temps passe vite” Lalala de Moustaki….Comme j’ai écouté cette chanson quand Nejma a eu 20 ans… Elle a 42 ans… C’est toujours chouette!

    Des miettes de congés pour les papas même pas merci, tu es trop indulgente avec le président… Depuis le temps qu’on le réclame ce droit…
    Merci et continue bien…
    Bises.

    Colette

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