Si l’on compare, toutes situations confondues, les revenus du groupe des hommes à ceux du groupe des femmes (ce dernier étant alors retenu comme la référence), ils perçoivent 33% de plus qu’elles en moyenne.
Donc elles perçoivent 25% de moins. Reprise utile du calcul à l’envers. Bénéfice probable d’un nouvel éclairage sur le sujet. Identifier et dire combien, en moyenne, le groupe des hommes gagne de plus que celui des femmes. Attention… l’écart devient +33%, en faveur des hommes. S’ils gagnent 100 €, c’est en effet 25 € de plus, soit un tiers de plus que les 75 € qu’elles perçoivent. Résultat qui fait rarement les gros titres. Forcément. Tout d’abord, en modifiant la référence, il suggérerait que la cible serait la rémunération moyenne des femmes. Objectif nettement moins ambitieux, et qui deviendrait celui des hommes : rejoindre le groupe des femmes. Ensuite, au vu de l’effet produit par ce renversement du calcul sur mes groupes en formation, je peux avancer qu’il affirmerait un peu fort ce que personne ne semble vouloir voir de trop près : l’ampleur de l’injustice. Et par là, la nécessité criante de remettre en cause l’organisation sociale aboutissant à cet écart.
Attention, cela ne signifie pas que les hommes sont tous à envier ni les femmes toutes à plaindre. Des disparités existent parmi eux, comme parmi elles. Parmi les raisons des écarts entre les sexes (mais aussi des écarts entre les hommes), il y a la situation familiale… des hommes. C’est ce que suggère un cadre intermédiaire dans le domaine de l’éducation, cité dans les résultats d’une récente enquête canadienne qui interrogeait les réactions ou non réactions des hommes face au sexisme au travail : « Les choses que vous pouvez faire pour réussir sont, je crois, fondées sur un système qui… A… supposerait que vous êtes un homme sur le lieu de travail, et B… supposerait que vous avez une conjointe à plein temps à la maison. Je pense donc que nous appliquons un modèle familial très paternaliste, un modèle familial très traditionnel dans notre lieu de travail et dans nos attentes. J’ai entendu plus d’une fois que, « oh, tout le monde a besoin d’une épouse au travail, n’est-ce pas ? » (Enquête Catalyst, 25 juin 2020)[1]
Si les revenus des hommes en couple sont le point de vue retenu, ce cadre-là ne se trompe pas…
[1] Negin Sattari, Emily Shaffer, Sarah DiMuccio et Dnika J Travis, Interrompre le sexisme au travail – Qu’est-ce qui incite les hommes à intervenir directement ou à ne rien faire? (Catalyst, 25 juin 2020).