#1- Histoires d’en parler

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« Le fondement de la critique n’est pas dans la théorie, il est dans le goût qu’a pour celui qui le vit le vécu de l’expérience du monde. »

André Gorz, Les métamorphoses du travail

Les situations a priori banales, anodines, pour certaines répétées, parfois micro-violentes mais tellement significatives, méritent toute notre attention. Leurs récits nous aident à mettre à jour nos croyances limitantes. Et à déceler les ressorts de nos enfermements. De nos douleurs aussi. Et parfois les issues une fois mises en lumière. J’en suis convaincue grâce à ce que j’ai observé et appris sur l’être humain et sur nos empêchements sociaux lors des formations que j’anime depuis plusieurs années. Grâce aussi à la perplexité, parfois à la sidération, souvent au sentiment de révolte qui m’envahissent lorsque je surprends, que j’écoute ou vis des atteintes à la dignité, fussent-elles d’une taille microbienne. Justement parce qu’elles sont estimées minimes, ordinaires… donc acceptables.

Ça ne doit pas t’atteindre’. ‘Tu oublieras’. ‘Ce n’est pas bien grave’. ‘Tu en verras d’autres’. ‘Tu dois te renforcer’. ‘Te construire une carapace’. ‘Tu es trop sensible’. ‘Tu es hypersensible’. ‘Tu ne devrais pas te mettre dans un tel état’… Si, je dois ! C’est mon devoir d’être humain ! De le rester. De mettre à distance la contagieuse résignation. La somme des accrocs, des éclaircies et des indignations peut changer un parcours de vie. Elle peut mettre sur la voie d’une psychothérapie individuelle. Peut se terminer par un drame. Ou par un éclat. De larmes, de rire, de voix, de hargne. Ou une œuvre, une mission, une intention. De résilience, d’humilité, d’empathie, de bienveillance. Peut nourrir l’écriture d’un journal, d’un livre. Peut changer une organisation sociale. Faire espérer une émancipation collective. Un doux rêve ?

Alors rêvons en parcourant ensemble des petites histoires de la vie.

Car c’est précisément dans l’anodin que réside l’important.