#52- Temps affirmés “choisis”, rôles de sexe reproduits

Les temps dits “choisis”, quand ils désignent un temps partiel souhaité, sont globalement employés à conforter les rôles de sexe. En miroir, la recherche d’un temps plein, comme la volonté de s’y tenir quoiqu’il arrive, même en cas de bouleversement de sa vie personnelle et même sans difficulté économique, pourraient également être observées comme des options plutôt sexuées.

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« Il serait si simple d’envisager le temps partiel pour les hommes autant que pour les femmes. La problématique de l’équilibre entre travail et hors-travail n’est pas un problème féminin, c’est un problème humain et d’actualité. »

Sylviane Giampino

Karine Briard, autrice du document d’études de la DARES Ségrégation professionnelle entre les femmes et les hommes : quels liens avec le temps partiel ? paru en juillet 2019, indique que « la répartition entre les salariées déclarant avoir choisi de travailler à temps partiel et celles déclarant y être contraintes est proche de celle des hommes, s’établissant dans des rapports de 3/5 – 2/5 pour les deux sexes. Les motifs avancés par les femmes et par les hommes qui sont à temps partiel par choix sont en revanche globalement différents. Les hommes avancent des raisons diverses, mais plus souvent l’exercice d’une autre activité professionnelle ou le suivi d’une formation, d’études, ou encore des raisons de santé. La moitié des femmes déclarent choisir de travailler à temps partiel pour pouvoir s’occuper de leurs enfants ou d’un autre membre de la famille et une femme sur cinq pour disposer de plus de temps libre ou réaliser des travaux domestiques. Néanmoins, ce qui relève de leur souhait personnel de disposer de plus de temps et de partager du temps avec des proches ou bien de la responsabilité familiale et sociale qui s’impose à elles, ne peut être établi. »[i]

 Ces temps partiels sont donc fréquemment pseudo-choisis (ou contraints) dans la mesure où le choix est surtout déterminé par des injonctions sociales selon le sexe des personnes (et non selon leur situation de famille) et leur adhésion à ces rôles prescrits : la femme qui réduit son travail plus ou moins de gré, l’homme qui au contraire et parfois malgré lui surinvestit le travail et la carrière. (Il est banal qu’une femme en couple évoque la vie domestique en s’en attribuant la responsabilité : « mon ménage », « mon repassage », « ma cuisine », « mes courses », « mon linge », indépendamment d’une appétence réelle ; dire « notre » serait le discours alternatif qui mettrait les personnes co-habitantes en responsabilité équivalente.)

Les situations dites « choisies » (pour le temps plein comme réduit) balayent tout le spectre de la liberté de décision, allant du choix personnel libre et éclairé au choix téléguidé, plus ou moins fortement et consciemment, par un rôle social défini dans sa communauté de vie.

A ce constat vient s’ajouter la concentration des femmes dans les métiers les moins valorisés, ce qui fera l’objet du prochain billet.



[i] Source : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/dares_etudes_segregation_professionnelle_femmes_hommes_temps_partiel.pdf

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